jeudi 10 novembre 2016

Les food carts sous la pression immobilière

Les 500 food carts (camions-restaurants) de Portland sont menacés de gentrification.

Food carts - © Mathilde Salmon

Portland, Oregon, USA. Au croisement de la 50th et de Division, un chantier remplace depuis quelques mois les food carts (camions-restaurants). Dans la ville, des grues s’activent, érigeant l’armature de futurs appartements branchés. Car Portland a le vent en poupe. Mais ce boom immobilier menace d’évincer les food carts qui s’étaient installés sur des parkings ou terrains jusque là inoccupés.
Chantier dans le centre historique - © Mathilde Salmon
Un modèle unique
La ville s’est forgée une réputation culinaire avec ses carts :

                        
New York Times - Portland's food cart scene
Veronica, propriétaire du camion La Arepa, explique ce modèle unique : « Portland est précurseur de ce que l’on appelle les food pods » (i.e. les camions sont statiques et partagent un même terrain).

Histoire des food carts
Les pods se sont développés sur les terrains du centre-ville laissés vacants par l'économie mollassonne des années 80. Le phénomène s’accélère avec la récession de 2008, poussant les entrepreneurs à investir sans trop de risques. Les consommateurs fauchés, eux, apprécient les petits prix pratiqués. A partir de 2009, des investisseurs conçoivent des food pods entièrement aménagés, garantie d’un retour sur investissement rapide. L’avenir semble brillant : une meilleure organisation, une décoration plus chiadée et des commodités qui répondent aux attentes des clients. Les chefs redoublent de créativité, motivés par la concurrence et le succès du phénomène.

Food cart du Waterfront - © Mathilde Salmon
Victimes de leur succès
Si l’afflux de piétons et le regain d’activité attirent les investisseurs, Brett Burmeister, rédacteur en chef de www.foodcartsportland.com, s’inquiète de la fermeture récente de deux pods. Veronica en a fait les frais : « nous avons dû déménager car le terrain s’est vendu pour construction (...) Nous survivrons en choisissant bien où s’installer et en prêtant attention au produit, aux exigences du marché et aux médias».
Panneau sur un chantier - © Mathilde Salmon
Quel futur pour les carts ?
Avec l’annonce de la construction de 11 tours dans le centre-ville, Brett B. s’alarme : « La nouvelle dynamique va changer l’écosystème des food carts. Actuellement, il y en a 150 sur des propriétés privées qui seront développées ». John, propriétaire du Left Coast, ne conçoit pas les carts dans l’avenir de Portland. Du moins pas à cette échelle. « C’était temporaire », dit-il. « L’industrie s’est faite avec des talents, des rêves et une faible économie. Maintenant que Portland prospère, les propriétaires de terrain ont réalisé qu’ils pouvaient faire plus d’argent. » Laura Weiss, fondatrice de Go Box, espère que le secteur saura rebondir. « Chaque camion sert 50 repas par jour ! Où déjeunerons-nous ? ».
La Arepa - © Mathilde Salmon
« Portland devra se réinventer »
Pour John, «  l’idéal serait de laisser le rez-de-chaussée des tours à des mini restaurants. Un food pod en somme, mais à l’intérieur ». Une autre solution serait d’autoriser les food carts à circuler en ville. Selon Veronica, ça n’arrivera pas : « je ne crois pas que le modèle va changer ; il évoluera sûrement, façon Portland ». Elle ajoute : « la menace vient d’une économie qui va mal ; si les clients vont bien, nous aussi ». John n’y croit pas non plus: « Portland est précurseur, pas suiveur. Les food carts trouveront un moyen de se réinventer.»

Food carts de nuit - © Mathilde Salmon

1 commentaire:

  1. Est-ce qu'au pire, ces camions restaurant ne pourraient pas s'installer (stationner) temporairement dans la rue, sur la chaussée, au moins au moment des repas. Evidemment ça exclue de s'asseoir mais les gens bénéficieraient de la nourriture, faite de spécialités étarngères.

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